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Documentaire / Documentary

Genèse du projet :

Pendant une trentaine d’années, le Nord et le Sud (casamance) du Sénégal se sont livrés une guerre silencieuse. En 1982, au sein de la population casamançaise qui se sentait négligée et exploitée par le nord du pays, un mouvement démocratique visant l’indépendance de la Casamance se crée (Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance, MFDC). avec comme objectif, celui de nationaliser la casamance et la rendre indépendante du Sénégale. Ce conflit a eu pour effet d’affaiblir considérablement l’économie et le tourisme de la région du Sud.

Pour les villageois, le sujet est tabou. Le tourisme mourant, ce sont les jeunes qui en sont les principales victimes. Réduits à l’attente et l’ennui. D’autres, artistes, répètent inlassablement leur danse en espérant la résurgence du tourisme. Cette existence fantomatique et cette mort de l’économie locale ne change rien aux mentalités ; la danse, la musique et l’espérance sont omniprésentes et rythment le quotidien de cette population.

Il fallait alors réaliser un film sur ce paradoxe, mettre à l’honneur l’énergie et la force créatrice de ces citoyens qui souhaitent revalider auprès de leurs frères du Nord et du tourisme occidental, leur identité perdue. L’art est leur catharsis. Chaque jour, dans cette région hantée par les stigmates d’une rébellion, les corps s’animent au rythme d’un inlassable recommencement.

Intention centrale :

L’intention centrale du film se base sur une phrase écrite par le premier président du Sénégal de l’époque post-colonialiste, Léopold Sedard Senghor, poète et écrivain.

« Le rythme est le court-circuit poétique qui transforme le cuivre en or, la parole en verbe ».

Cette phrase illustre parfaitement la richesse de la Casamance, son entrain à la vie, à l’art et à la musique. Des richesses qui ne se perdent pas malgré les réorganisations politiques et économiques engendrées par le conflit.

C’est au travers de différentes scènes de la vie quotidienne que nous avons tenté de montrer cette activité rythmique perpétuelle. La première intention était de créer une danse frénétique croissante tout au long du documentaire. Nous avons aussi laissé un espace à la parole et au témoignage, certains protagonistes ayant tenu à expliquer leur ressenti par rapport à la situation conflictuel qui règne en Casamance. Cependant, il s’est avéré difficile pour chacun d’expliquer de façon précise quels étaient les déterminants du conflit.

La situation reste floue dans les mentalités, le seul fait concret est cet essoufflement progressif du principal vecteur de leur économie : le tourisme. Il m’est paru intéressant de garder la même indécision et de présenter ce conflit comme un élément hors-champ du film. Dès lors, nous avons fait le choix de ne pas nous attarder sur le problème, de le transmettre comme on nous l’avait transmis, c’est-à-dire sans véritable explication historique et socio-politique. Nous voulions nous concentrer sur les citoyens, ceux qu’on nomme les « guerriers du rythme », ceux qui ne veulent pas laisser tomber leur région.

Le film est donc un mélange de scènes immersives quotidiennes et de scènes contemplatives et musicales, dans lequel chacun s’efforce d’offrir ce qu’il peut. Nous observons le rythme sous toutes ses formes, nous écoutons, nous dansons, nous errons. C’est une Basse-Casamance qui n’arrête jamais de s’agiter. Mais cette danse, est-elle un symptôme de l’ennui ou un signe prépondérant de la forte mentalité africaine ? La volonté du film est positiviste, on veut regarder l’Afrique à travers ses côtés les plus attractifs et dans toute sa puissance sensible.

Notre héros, l’antiquaire Vieux Dindin voit en le film l’occasion de passer un message depuis la Basse-Casamance : sa région est ouverte et pacifiste, elle ne véhicule plus d’idées indépendantistes mais elle s’indigne de l’abandon progressif dont elle est victime. Selon Vieux Dindin, le film est un outil et un support qui s’adresse à tous et qui est capable d’éteindre les idées fausses et de rendre à la Casamance son prestige d’antan. Le film devient un acteur agissant et sa projection sur un terrain de foot est présentée dans le film lui-même, proposant au spectateur une mise en abyme du film qu’il est lui-même en train de voir.

Equipe

Réalisation: Valéry Carnoy

Image: Valéry Carnoy

Prise de Son (première partie): Louis Dechamps & Amadou Sylla

Prise de Son (deuxième partie): Diego Tixhon & Jean SAmbou

Montage: Romain Waterlot

Mixage: Jérémy Saive

Auto-Production: Valéry Carnoy

Protagoniste principale: Amadou Sylla